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L’AGENCE BARNETT ET Cie

prends pas cette mine de chat mouillé… Raconte ta petite histoire. De quoi s’agit-il ? Quelqu’un qui demande du secours ? »

Béchoux s’efforça de retrouver son aplomb et articula :

« Oui, un brave curé des environs de Paris.

— Qu’est-ce qu’il a tué, ton brave curé ? Une de ses ouailles ?

— Non, au contraire.

— Hein ? C’est une de ses ouailles qui l’a tué ? En quoi puis-je le secourir ?

— Mais non… mais non… seulement…

— Bigre ! tu n’as pas l’éloquence facile aujourd’hui, Béchoux ! Soit. Ne parlons pas et conduis-moi vers ton brave curé des environs. Ma valise est toujours prête quand il s’agit de te suivre. »

Le petit village de Vaneuil s’éparpille au creux et sur les pentes de trois collines qui forment à sa vieille église romane un cadre de verdure. Du chevet de cette église part un joli cimetière de campagne que bornent à droite la haie d’une grande ferme où se dresse un manoir, et, à gauche, le mur du presbytère.

C’est là, dans la salle à manger de ce presbytère, que Béchoux mena Jim Barnett, et qu’il le présenta, comme un détective pour qui le mot impossible n’existait pas, à l’abbé Dessole. C’était en effet un brave homme de curé, d’apparence et en réalité, gras à souhait, onctueux et rose, d’âge moyen, et dont le visage, évidemment placide à l’ordinaire, exprimait des soucis pour lesquels il n’était pas fait. Barnett remarqua ses mains boursouflées, le collier de chair de son poignet et son ventre