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LA PARTIE DE BACCARA

ciété, et qui n’ont contre eux que la subtilité de mes déductions… En vérité, je ne crois pas que la justice ose « marcher ». N’importe ! j’ai bien mené l’affaire.

— Et honnêtement, approuva Béchoux.

— Honnêtement ?

— Dame ! il vous eût été facile de cueillir tous les billets de banque au passage. Je l’ai craint une minute.

— Pour qui me prenez-vous, inspecteur Béchoux ? » fit Barnett dignement.

Il quitta Béchoux, sortit de la maison, et monta dans l’immeuble voisin où le ménage Fougeraie le remercia avec effusion. Toujours aussi digne, il refusa toute récompense et opposa le même désintéressement lors d’une visite qu’il fit au père de Paul Erstein.

« L’Agence Barnett est gratuite, disait-il. C’est sa force et sa noblesse. Nous travaillons pour la gloire. »

Jim Barnett régla sa note à l’hôtel et donna l’ordre que sa valise fût portée à la gare. Puis, comme il supposait que Béchoux retournerait à Paris avec lui, il passa par les quais et entra dans l’immeuble du Cercle. Au premier étage, il s’arrêta : l’inspecteur descendait.

Il descendait vivement et, lorsqu’il aperçut Barnett, il s’écria d’un ton furieux : « Ah ! vous voilà, vous ! »

Il sauta quelques marches d’un coup et l’empoigna au revers de son veston :

« Qu’est-ce que vous avez fait des billets ?

— Quels billets ? riposta Barnett avec innocence.

— Ceux que vous avez tenus entre les mains dans la rotonde, quand vous avez joué le rôle de Maxime Tuillier.

— Comment ! Mais j’ai rendu les quatre liasses ! Vous m’avez même félicité tout à l’heure, mon cher ami.