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L’AGENCE BARNETT ET Cie

Le calme se rétablit peu à peu. On emmena dans une autre salle Maxime Tuillier, presque évanoui et gémissant. Un inspecteur ramassa les liasses de billets qu’il remit aux magistrats. Ceux-ci prièrent M.  et Mme Fougeraie de se retirer, ainsi que le père de Paul Erstein. Puis ils félicitèrent Jim Barnett de sa clairvoyance.

« Tout cela, dit-il, cet écroulement de Maxime Tuillier, ce n’est que le côté banal du drame. Ce qui en constitue l’originalité, ce qui fait qu’il se présente comme un drame profondément mystérieux, alors que ce ne devrait être qu’un fait divers, provient de tout autre chose. Et, bien que ceci ne me concerne pas, si vous voulez bien me permettre… »

Alors Jim Barnett se tourna vers les trois industriels qui conversaient à voix basse, s’approcha d’eux et frappa doucement l’épaule de M. Auvard.

« Un mot, monsieur, voulez-vous ?

— À propos de quoi ? répondit Alfred Auvard.

— À propos du rôle que vous y avez joué, vous et vos amis, monsieur.

— Mais nous n’y jouons aucun rôle.

— Un rôle actif, non, bien entendu. Cependant, il y a certaines contradictions troublantes et qu’il me suffira de vous signaler. Ainsi vous avez déclaré, dès le lendemain matin, que la partie de baccara aboutit à trois coups en votre faveur, ce qui annula vos pertes et détermina votre paisible départ. Or, cette déclaration se trouve contredite par les faits. »

M. Auvard hocha la tête et répliqua :

« Il y a là, en effet, un malentendu. La vérité, c’est que les trois derniers coups ne firent qu’ajouter à nos pertes.