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LA LETTRE D’AMOUR DU ROI GEORGES

façon, et par la même main évidemment que le portrait du bonhomme Vaucherel, à la Chaumière, la silhouette du sieur Leboc en train de fumer sa pipe.

M. Formerie se retourna. Près de lui, le souriant, placide, et couperosé M. Leboc n’avait pas pu soutenir l’attaque imprévue, et s’était effondré comme sous un coup de massue. Il pleurait et il avouait bêtement.

« J’avais perdu la tête… j’ai frappé sans le vouloir. Je voulais être de moitié avec lui… il m’a refusé… alors j’ai perdu la tête… j’ai frappé sans le vouloir… »

Il se tut. Et, dans le silence, la voix de Jim Barnett qui se faisait aigre, méchante et gouailleuse, retentit :

« Hein ! qu’en dites-vous, monsieur le juge d’instruction ? Un joli coco que votre protégé Leboc ! Quelle maîtrise dans la préparation de son alibi ! Et comment les passants inattentifs de chaque jour n’eussent-ils pas cru voir, de loin, le véritable Leboc ! Pour moi, je me suis douté du coup, dès le premier jour, en voyant le bonhomme Vaucherel sur sa toile. Est-ce que par hasard le même artiste n’aurait pas dessiné la silhouette de son ami Leboc ? J’ai cherché, et pas bien longtemps, tellement Leboc était sûr que nous serions trop bêtes pour découvrir son truc : la toile était roulée dans le coin d’un hangar, sous des tas d’ustensiles hors d’usage. Je n’ai eu qu’à la clouer ici, tout à l’heure, tandis qu’il se rendait à votre convocation. Et voilà comment on peut, en même temps, assassiner à la Chaumière et fumer sa pipe à domicile ! »

Jim Barnett était féroce. Sa voix pointue déchirait l’infortuné M. Formerie.

« Faut-il qu’il en ait perpétré, dans sa vie d’honnête