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LES GOUTTES QUI TOMBENT

dans les ténèbres… Des gouttes qui tombent… » Et sa vengeance eût réussi, ce qui aurait été dommage. Un si beau collier… une pièce de collection ! »

Valérie n’était pas une femme à sursauts de violence et à explosions de colère, qui eussent dérangé l’harmonie de sa personne. Mais, en l’occasion, une telle fureur la secoua qu’elle bondit vers le sieur Barnett et tâcha de le saisir au collet.

« C’est un vol ! Vous n’êtes qu’un aventurier… Je m’en doutais… Un aventurier ! un aigrefin ! »

Le mot « aigrefin » délecta le jeune homme.

« Aigrefin !… charmant… » chuchota-t-il.

Mais Valérie ne s’arrêtait pas. Tremblante de rage, elle arpentait la pièce en criant :

« Je ne me laisserai pas faire ! Vous me le rendrez, et tout de suite ! Sinon, je préviens la police.

— Oh ! le vilain projet ! s’exclama-t-il, et comment une jolie femme comme vous peut-elle ainsi manquer de délicatesse à l’égard d’un homme qui fut tout dévouement et toute probité ! »

Elle haussa les épaules et ordonna :

« Mon collier !

— Mais il est à votre disposition, sacrebleu ! Croyez-vous que Jim Barnett dévalise les gens qui lui font l’honneur de l’utiliser ? Fichtre ! que deviendrait l’Agence Barnett et Cie, dont la vogue est précisément fondée sur sa réputation d’intégrité et sur son désintéressement absolu ? Pas un sou, je ne réclame pas un sou aux clients. Si je gardais vos perles, je serais un voleur, un aigrefin. Et je suis un honnête homme. Le voici votre collier, chère baronne ! »