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L’AGENCE BARNETT ET Cie

un nouveau scandale, allait la lui proposer gentiment, crois-tu que Véraldy n’en donnerait pas un joli prix ? À tout hasard, je l’ai mise dans ma poche. »

Béchoux soupira, mais n’eut pas la force de protester. Pourvu que l’innocence triomphât, que le mal fût réparé, et le crime puni d’une façon ou d’une autre, n’était-ce pas l’essentiel ? Et devait-on attacher tant d’importance à ces petits « prélèvements » de la dernière heure qui, somme toute, s’exerçaient toujours aux dépens des coupables ou des fautifs ?

« Adieu, Barnett, dit-il. Vois-tu, il est préférable qu’on ne se rencontre plus. Je finirais par perdre toute conscience professionnelle. Adieu.

— Adieu donc, Béchoux. Je comprends tes scrupules. Ils t’honorent. »

Quelques jours plus tard, Béchoux recevait de Barnett cette missive :

Sois heureux, mon vieux. Bien que tu n’aies pas coffré ce coquin de Barnett, comme tu l’avais promis, ni intercepté la photographie, comme on te l’avait ordonné, j’ai si bien plaidé ta cause, si bien montré ton rôle prépondérant en l’occurrence, que j’ai fini par obtenir ta nomination au grade de brigadier.

Béchoux eut un geste de fureur. Être l’obligé de Barnett, était-ce admissible ?

Mais d’autre part, pouvait-il refuser que la société récompensât le mérite d’un de ses meilleurs serviteurs, alors que les mérites de Béchoux ne faisaient aucun doute pour Béchoux ?

Il déchira la lettre, mais accepta le grade.