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BÉCHOUX ARRÊTE JIM BARNETT

pris au ceinturon de l’agent Rimbourg pour te remplacer par un de tes innombrables frères, petit bâton blanc, je ne me suis pas trompé, n’est-ce pas, en te soupçonnant d’être le coffret inviolable où la vérité fut enfermée ? Petit bâton blanc, baguette magique de l’enchanteur Merlin, tandis que tu faisais stopper l’automobile de notre persécuteur le financier, ou de notre adversaire Mossieu le ministre, c’est bien toi, n’est-ce pas, qui détenais le talisman libérateur ? »

De la main gauche il saisit le manche, strié de rainures ; de la main droite il serra le dur morceau de frêne enduit de ripolin, et il fit un effort pour dévisser.

« C’est bien cela, disait-il. J’ai deviné. Chef-d’œuvre difficile, impossible presque… Miracle d’habileté et de minutie, qui suppose que l’agent Rimbourg a pour ami un tourneur comme on en rencontre peu. Par quel prodige a-t-on pu évider ainsi l’intérieur d’un bâton de frêne, y pratiquer un canal qui ne le fasse pas éclater, le doter d’un pas de vis irréprochable, faire en sorte que la fermeture tienne hermétiquement et que le sceptre de l’agent ne branle pas dans le manche ? »

Barnett tourna. La poignée se dévissa, découvrant une virole de cuivre. Le général et Béchoux regardaient éperdument. L’objet se scinda en deux parties dans la plus longue, on entrevoyait un tube de cuivre qui devait s’enfoncer jusqu’au bout.

Les visages étaient contractés. On retenait sa respiration. Malgré lui, Barnett agissait avec un peu de solennité.

Il renversa le tube et le frappa sur une table. Un rouleau de papier en tomba.

Béchoux, livide, gémit :