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L’AGENCE BARNETT ET Cie

lesquels Béchoux, vinrent sonner à la porte de son domicile, il ouvrit lui-même et déclara : « Je suis prêt à vous suivre, messieurs. »

On fit une perquisition minutieuse. Dans la cheminée de son cabinet de travail, un monceau de cendres attestait que beaucoup de papiers avaient été brûlés. On fouilla les tiroirs. On vida les meubles. On secoua les livres de la bibliothèque. On ficela des liasses de documents.

Jean Desroques suivait d’un œil indifférent cette fastidieuse besogne. Un seul incident marqua la scène, mais violent et significatif. Béchoux, plus habile que ses collègues, ayant saisi dans un vide-poches un mince rouleau de papier qui semblait traîner là par hasard, et cherchant à l’examiner, Jean Desroques bondit et le lui arracha des mains. « Vous voyez bien que ça n’a aucune importance ! C’est une photographie… une vieille photographie décollée de son carton. »

Béchoux réagit avec d’autant plus de vigueur que l’agitation de Desroques lui paraissait plus anormale, et il voulut reprendre le rouleau. Mais le député sortit en courant, ferma la porte derrière lui et passa dans l’antichambre voisine où veillait un gardien de la paix. Béchoux et ses camarades l’y rejoignirent aussitôt. Il y eut discussion. On visita les poches de Jean Desroques ; le rouleau de papier qui contenait la photographie n’y était pas. On questionna le gardien de la paix : il avait barré le passage du fugitif et, pour ce qui était du document cherché, n’avait rien vu. Mis sous mandat, le député Desroques fut emmené.

Voilà le drame, dans ses lignes essentielles. Il fit tant de bruit à l’époque (un peu avant la grande guerre) qu’il