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L’AGENCE BARNETT ET Cie

qu’était Del Prego et des dangers qu’elle avait courus près de lui.

« Hein, lui dit Barnett en riant, c’est drôle ? Ils ne se ressemblent pas comme des jumeaux, mais avec leur stature pareille, leur visage d’anciens clowns, et surtout leur accoutrement identique, c’est tout à fait comme des frères. »

Les deux complices revenaient peu à peu de leur désarroi. Somme toute, ils n’avaient en face d’eux, qui étaient forts et puissants, qu’un seul adversaire, lequel faisait piètre figure avec sa redingote étriquée et son aspect de petit employé de commerce.

Del Prego bredouilla une phrase en langue étrangère que Barnett interpréta aussitôt.

« Pas la peine de parler russe, dit-il, pour demander à ton acolyte s’il a son revolver… »

Del Prego tressaillit de rage et dit quelques mots dans une autre langue.

« Tu joues de malheur ! s’exclama Barnett. Je connais le turc comme ma poche ! Et puis, j’aime autant te prévenir : dans l’escalier, il y a Béchoux, que tu connais, le mari d’Olga, et deux de ses camarades. Une détonation et ils surgissent.

Del Prego et l’autre échangèrent un coup d’œil. Ils se sentaient perdus. Cependant ils étaient de ceux qui ne lâchent pas prise avant d’avoir touché des deux épaules, et, immobiles en apparence, par déplacements imperceptibles, ils se rapprochèrent de Barnett.

« À la bonne heure ! s’écria celui-ci, la lutte à bras-le-corps… la lutte acharnée… Et alors une fois que je serai hors de combat, vous essaierez de brûler la politesse à