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L’AGENCE BARNETT ET Cie

sitôt, elle avise un homme qui démonte le lit, et un autre qui lui dégringole sur la tête, et la renverse, tandis que le premier l’encapuchonne d’un tapis de table. Alors ils déménagent la pièce, l’un d’eux descendant les meubles au fur et à mesure. Maman ne bouge pas, ne crie pas. Elle entend une grosse auto qui démarre dans la rue, et puis elle tourne de l’œil.

— De sorte que, fit Béchoux, quand tu es revenue des Folies-Bergère… ?

— J’ai trouvé la porte d’en bas ouverte, la porte de cet appartement ouverte et maman évanouie. Tu penses, mon ahurissement !

— Les concierges ?

— Tu les connais. Deux bons vieux qui habitent là depuis trente ans et qu’un tremblement de terre ne dérangerait pas. Il n’y a que le coup de sonnette qui est capable de les réveiller la nuit. Or, ils jurent leurs grands dieux que, de dix heures du soir, heure à laquelle ils se sont endormis, jusqu’au matin, personne n’a sonné.

— Et par conséquent, dit Béchoux, qu’ils n’ont pas une seule fois tiré le cordon qui ouvre ?

— C’est ça même.

— Et les autres locataires ?

— Rien entendu, non plus.

— En fin de compte ?…

— En fin de compte, quoi ?

— Ton avis, Olga ? »

La jeune femme s’emporta.

« Tu en as de bonnes, toi ! Est-ce que c’est mon affaire d’avoir un avis ? Vrai, tu m’as l’air aussi godiche que les types du Parquet.