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LE HASARD FAIT DES MIRACLES

— Il n’y a pas de navires dans le ciel.

— Il y en a, mais qui portent d’autres noms et s’appellent ballons, aéroplanes ou dirigeables. Ils parcourent l’espace en tous sens, comme les autres parcourent la mer, et mille choses différentes peuvent en tomber ou être jetées de leur bord. Qu’une de ces choses soit un rouleau de cordes, et que ce rouleau s’accroche aux créneaux du donjon, tout s’explique.

— Explication facile.

— Explication fondée. Lisez les journaux du pays, parus l’autre semaine, comme je l’ai fait hier, et vous saurez qu’un ballon libre a survolé la région dans la nuit qui précéda la mort du comte Jean. Il allait du nord vers le sud, et il s’est délesté de plusieurs sacs de sable à quinze kilomètres nord de Guéret. Comment n’en pas déduire fatalement qu’il a jeté aussi un rouleau de corde, que l’une des extrémités de cette corde s’est engagée dans un des arbres de la terrasse, que le comte Jean, pour l’en dépêtrer, a dû casser une branche, qu’il est descendu de la terrasse, et que, tenant en main les deux extrémités et les liant l’une à l’autre, il a grimpé. Exploit difficile, mais qu’on peut admettre d’un garçon de son âge.

— Et alors ? murmura Cazévon dont toute la figure se crispait.

— Et alors, conclut Barnett, quelqu’un de fort adroit comme tireur, et qui se trouvait ici, près de la fenêtre, apercevant cet homme suspendu dans le vide, tira sur la corde et la coupa.

— Ah ! fit sourdement Cazévon, voilà comment vous envisagez l’accident ?

— Puis, continua Barnett, ce quelqu’un courut jusqu’à