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LE HASARD FAIT DES MIRACLES

Jim Barnett répéta songeusement :

« Par l’effet d’un coup de fusil… qui ne l’a pas touché… Oui, Béchoux, il y a du prodige dans tout cela… »

Barnett et Béchoux se retrouvèrent le soir à l’auberge du village. Ils y dînèrent, chacun de son côté. Et de même, les deux jours suivants, ils ne se virent qu’aux repas. Le reste du temps, Béchoux poursuivait son enquête et ses interrogations, tandis que Barnett, contournant le jardin du Manoir, s’installait un peu plus loin que la terrasse, sur un talus de gazon d’où il apercevait le Vieux-Donjon et la rivière de la Creuse. Il pêchait ou fumait des cigarettes, en rêvassant. Pour découvrir un miracle, il faut moins en chercher les traces qu’en deviner la nature. Quel secours Jean d’Alescar avait-il pu trouver dans la faveur des circonstances ?

Mais il alla, le troisième jour, à Guéret, et il y alla comme un homme qui sait d’avance ce qu’il va faire et à quelle porte il veut frapper.

Enfin, le quatrième jour, il rencontra Béchoux, qui lui dit :

« J’ai terminé mon enquête.

— Moi aussi, Béchoux, répondit-il.

— Je rentre donc à Paris.

— Moi aussi, Béchoux, et je t’offre une place dans mon auto.

— Soit. J’ai rendez-vous dans trois quarts d’heure avec M. Cazévon.

— Je t’y retrouverai, dit Barnett. J’en ai assez de ce patelin. »

Il régla sa note à l’auberge, se dirigea vers le château, visita le parc et fit passer à Georges Cazévon sa carte,