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L’AGENCE BARNETT ET Cie

Elle se tut, puis ajouta :

« Mais il se tiendra tranquille, soyez-en sûr, monsieur. »

L’entrevue était finie. Jim Barnett n’insista pas, Mlle d’Alescar n’étant point une femme que l’on intimide.

« Mademoiselle, dit-il, nous nous excusons d’avoir troublé votre solitude, mais il le fallait, hélas ! pour l’établissement de la vérité, et vous pouvez être assurée que l’inspecteur Béchoux tirera de vos paroles les enseignements qu’elles comportent. »

Il salua et sortit. Béchoux salua également et le suivit.

Dehors, l’inspecteur, qui n’avait pas soufflé mot, continua de garder le silence, autant peut-être pour protester contre une collaboration qui l’irritait de plus en plus, que pour dissimuler le désarroi que lui infligeait cette ténébreuse affaire. Barnett n’en fut que plus expansif.

« Tu as raison, Béchoux, et je saisis ta pensée profonde. Dans les déclarations de cette demoiselle, il y a, pardonne-moi cette expression, à boire et à manger. Il y a du possible et de l’impossible, du vrai et de l’invraisemblable. Ainsi les procédés du jeune d’Alescar sont enfantins. Si ce malheureux enfant a gagné le sommet de la tour — et je serais tenté de le croire, contrairement à ton opinion secrète — c’est grâce à ce miracle inconcevable qu’il appelait de tous ses vœux et que nous ne pouvons pas, nous, encore imaginer. Et le problème, dès lors, se pose ainsi : comment ce jeune homme a-t-il pu, en l’espace de deux heures, inventer un moyen d’escalade, le préparer, l’exécuter, redescendre et être précipité dans le vide par l’effet d’un coup de fusil… qui ne l’a pas touché ? »