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L’AGENCE BARNETT ET Cie

s’effrite. Aucune échelle ni aucun ensemble d’échelles liées ensemble n’auraient pu atteindre des créneaux situés à trente mètres de hauteur. Et il ne fallait pas songer à une escalade. Il y eut entre nous des conciliabules et des ébauches de plans qui durèrent plusieurs mois et qui aboutirent…

— À une fâcherie, n’est-ce pas ? dit Barnett.

— Oui, fit-elle en rougissant.

— Georges Cazévon s’éprit de vous et demanda votre main. Refus. Brutalité de sa part. Rupture. Jean d’Alescar n’eut plus le droit de pénétrer dans le domaine de Mazurech.

— C’est ainsi, en effet, que les choses se passèrent, dit la jeune fille. Mais mon frère ne renonça pas. Il voulait cet argent, il le voulait pour racheter une partie de notre domaine, ou pour me constituer, disait-il, une dot qui me permettrait de me marier à mon gré. Cela devint chez lui une obsession. Il vécut en face de la tour. Il en contemplait inlassablement le sommet inaccessible. Il inventait mille moyens d’y parvenir. Il s’exerça au tir à l’arc, et, le matin, dès l’aube, il envoyait des flèches munies d’une ficelle avec l’espoir que la flèche retomberait de telle manière qu’une corde pourrait être attachée à la ficelle et hissée jusqu’au haut. Soixante mètres de corde même étaient préparés, tentatives sans résultats et dont l’échec le désespérait. La veille encore de sa mort, il me disait : « Si je m’acharne, vois-tu, c’est que je suis sûr du résultat. Quelque chose de favorable aura lieu. Il se produira un miracle, j’en ai le pressentiment. Ce qui est juste arrive toujours, par la force des événements ou par la grâce de Dieu. »