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LE HASARD FAIT DES MIRACLES

terrasse bordée d’un balcon, et où aboutissait une allée du jardin.

L’endroit était sauvage. C’est là que, dix jours auparavant, à six heures du matin, on avait trouvé sur la plus grosse des roches le cadavre du jeune comte Jean d’Alescar. Le corps ne portait d’autre blessure que celle qu’une chute peut produire à la tête d’un homme. Or, parmi les branches des arbres de la terrasse opposée, il en était une qui pendait, fraîchement cassée, le long du tronc. Dès lors, le drame se reconstituait ainsi : juché sur cette branche, le comte était tombé dans la rivière. Donc accident. Le permis d’inhumer avait été délivré.

« Mais, que diable le jeune comte allait-il faire sur cet arbre ? demanda Béchoux.

— Regarder de plus haut et de plus près ce donjon qui était le berceau de la très vieille famille des Alescar », répondit Georges Cazévon.

Et il ajouta aussitôt :

« Je ne vous en dirai pas plus, monsieur l’inspecteur. Vous n’ignorez pas que c’est sur ma prière instante que la Préfecture de police vous a donné mission. Il y a en effet de mauvais bruits qui circulent, des calomnies qui m’atteignent directement et auxquelles je veux mettre fin. Faites votre enquête. Interrogez. Surtout sonnez à la porte de Mlle d’Alescar, sœur du jeune comte et dernière survivante de la famille. Et, le jour de votre départ, venez me serrer la main. »

Béchoux ne perdit pas de temps. Il explora le pied de la tour, pénétra dans le cirque de décombres accumulés à l’intérieur par l’éboulement des planchers et de l’escalier, puis regagna le bourg, questionna, fit visite au