« Sa clientèle n’en est pas moins composée de braves gens. Est-il juste qu’ils soient ruinés ?
— Mais ils ne le seront pas ! Fichtre, non ! Je n’accepterais jamais une pareille iniquité !
— Eh bien ?
— Eh bien, Gassire est riche.
— Il n’a plus le sou, dit Béchoux.
— Erreur ! D’après mes renseignements, il a de quoi rembourser ses clients, et au-delà. Crois bien que, s’il n’a pas porté plainte dès le premier jour, c’est qu’il ne veut pas que la justice mette le nez dans ses affaires. Mais menace-le de prison, tu le verras se débrouiller. De l’argent ? Il est millionnaire, ton Nicolas Gassire, et le mal qu’il a fait, c’est à lui de le réparer, non pas à moi !
— Ce qui veut dire que tu as l’intention de garder… ?
— De garder les titres ? Jamais de la vie ! Ils sont déjà vendus.
— Oui, mais tu gardes l’argent ?… »
Barnett eut un accès d’indignation vertueuse :
« Pas un instant ! Je ne garde rien !
— Alors, qu’en fais-tu ?
— Je le distribue.
— À qui ?
— À des amis dans le besoin, à des œuvres intéressantes que je subventionne. Ah ! n’aie pas peur, Béchoux, l’argent de Nicolas Gassire sera bien employé ! »
Béchoux n’en doutait pas. Cette fois encore, l’aventure se terminait par une mainmise de Barnett sur le « magot ». Barnett châtiait les coupables et sauvait les innocents, mais n’oubliait pas de se payer. Charité bien ordonnée commence par soi-même.