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LES DOUZE AFRICAINES DE BÉCHOUX

« J’ai vu, en effet, ce jour-là, dit-il, une liasse de papiers et de rapports. Je n’y ai pas fait attention. Mais, ces papiers et ces rapports, elle a dû les rendre à M. Touffémont.

— Je ne le pense pas, dit Barnett. Plutôt que d’attirer sur elle les soupçons, elle les aura brûlés.

— Mais il a dû les réclamer, lui ?

— Non.

— Comment ! Il ne s’est pas aperçu de la disparition de cette liasse de documents ?

— Pas plus que de la présence du paquet de titres.

— Mais quand il a ouvert son portefeuille ?

— Il ne l’a pas ouvert. Il ne l’ouvre jamais. Le portefeuille de Touffémont, comme celui de beaucoup d’hommes politiques, n’est qu’un trompe-l’œil, une contenance, une menace, un rappel à l’ordre. S’il l’avait ouvert, il aurait réclamé ses documents et restitué les titres. Or, il n’a ni réclamé les uns ni restitué les autres.

— Cependant, quand il travaille ?

— Il ne travaille pas. On n’est pas obligé de travailler parce qu’on a un portefeuille. Il suffit même d’avoir un portefeuille d’ancien ministre pour ne plus travailler. Un portefeuille représente le travail, la puissance, l’autorité, l’omnipotence et l’omniscience. Lorsque Touffémont, hier soir, à la Chambre des députés — j’y étais : donc je parle en connaissance de cause — a déposé sur la tribune son portefeuille d’ancien ministre, le ministère s’est senti perdu. Que de documents accablants devait contenir le portefeuille du grand travailleur ! Que de chiffres ! Que de statistiques ! Touffémont le déplia, mais ne tira rien de ses deux poches gonflées. De temps à autre, tout