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L’AGENCE BARNETT ET Cie

feuille de M. Touffémont prend une existence personnelle, et peut se prêter à des actes dont M. Touffémont n’est nullement responsable. C’est ce qui est arrivé le matin du vol. »

Béchoux regardait Barnett. Où voulait-il en venir ?

Barnett répéta :

« C’est ce qui est arrivé, le matin où tes douze Africaines ont été subtilisées. La concierge, affolée par son vol, bouleversée par le péril qui approche, ne sachant comment se débarrasser d’un butin qui va la perdre, avise tout à coup sur sa cheminée — ô miracle — le portefeuille de M. Touffémont, tout seul ! M. Touffémont vient d’entrer dans la loge pour prendre son courrier. Il a déposé son portefeuille sur la cheminée et décachette ses lettres, tandis que Nicolas Gassire, et toi, Béchoux, vous lui racontez la disparition des titres. Alors, une idée de génie — oui, de génie, il n’y a pas d’autre mot — illumine Mme Alain. Le paquet de titres, lui aussi, est sur la cheminée, à côté du portefeuille et caché sous des journaux. On n’a pas encore fouillé la loge, mais on va la fouiller et découvrir le pot aux roses. Pas une minute à perdre. Vivement, en quelques gestes, tournant le dos au groupe qui discute, elle ouvre le portefeuille, elle vide de ses papiers l’une des deux poches à soufflet et elle y enfourne le paquet de titres. C’est fait. Personne n’a rien soupçonné. Et quand M. Touffémont se retire, son portefeuille sous le bras, il s’en va avec tes douze Africaines et tous les titres de Gassire. »

Béchoux n’éleva pas la moindre protestation. Lorsque Barnett affirmait avec un certain accent de conviction définitive, Béchoux se soumettait à l’irréfutable vérité. Il croyait. Il avait la foi.