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L’AGENCE BARNETT ET Cie

— Et tu n’auras plus avec moi, pour des peccadilles, ces airs de réprobation qui me désolent et qui me font croire parfois que j’ai quitté le droit chemin ?

— Raconte, Barnett.

— Ah ! s’écria celui-ci, quelle histoire charmante ! Bien que je t’en avertisse, mon vieux Béchoux, tu n’auras aucune désillusion. Je n’ai jamais rien rencontré de plus joli, de plus inattendu, de plus spontané et de plus roublard, de plus humain à la fois et de plus fantaisiste. Et c’est tellement simple que toi, Béchoux, un bon policier cependant, muni de qualités sérieuses, tu n’y as vu que du feu.

— Enfin, parle, dit Béchoux, vexé, comment le paquet de titres a-t-il quitté la maison ?

— Sous tes yeux, ineffable Béchoux ! et non seulement il a quitté la maison, mais il y est rentré ! Et il la quittait deux fois par jour ! et il y rentrait deux fois par jour ! Et sous tes yeux, Béchoux, sous tes yeux candides et bénévoles ! Et pendant dix jours tu t’inclinais devant lui, avec des salutations respectueuses. Un morceau de la vraie croix passait devant toi ! Pour un peu, tu te serais mis à genoux !

— Allons donc ! s’écria Béchoux, c’est absurde, puisque tout était fouillé.

— Tout était fouillé, Béchoux, mais pas cela ! Les colis, les cartons, les sacs à main, les poches, les chapeaux, les boîtes de conserves et les boîtes à ordures… oui, mais pas cela. Aux gares frontières, on visite des voyageurs, mais on ne visite pas la valise diplomatique. Ainsi tu as tout visité, sauf cela !

— Quoi cela ? s’écria Béchoux, impatienté.