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LES DOUZE AFRICAINES DE BÉCHOUX

portées dans la loge, mais par quel prodige en sont-elles sorties, entre neuf heures et l’heure de nos recherches dans la loge ? »

Ce mystère, la grosse femme, malgré les menaces, malgré les tortures morales qu’on lui fit subir, refusa d’en donner l’explication. Elle nia tout. Elle n’avait rien vu. Elle ne savait rien, et, quoique sa culpabilité ne laissât aucun doute, elle demeura inflexible.

« Il faut en finir, dit un matin Gassire à Béchoux. Vous avez vu que le député Touffémont a renversé le ministère hier soir. Les journalistes vont l’interviewer. Pourrons-nous les fouiller, eux ? »

Béchoux avoua que la position était intenable.

« Dans trois heures, je saurai tout », affirma-t-il.

L’après-midi, il alla frapper à l’Agence Barnett.

« Je t’attendais, Béchoux, que veux-tu ?

— Ton aide. Je n’en sors pas. »

La réponse était loyale, et la démarche prenait toute sa valeur. Béchoux faisait amende honorable.

Jim Barnett s’empressa autour de lui, le saisit affectueusement par les épaules, lui serra la main, et, avec une délicatesse charmante, lui épargna les humiliations de la défaite. Ce ne fut pas l’entrevue du vainqueur et du vaincu, mais la réconciliation de deux camarades.

« En vérité, mon vieux Béchoux, le petit malentendu qui nous séparait me peinait infiniment. Deux copains comme nous, adversaires ! Quelle tristesse ! Je n’en dormais plus. »

Béchoux fronça les sourcils. En sa conscience de policier, il se reprochait amèrement ses cordiales relations