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choisit le tunnel de droite, qui continuait à border l’Océan.

Il y eut encore à gauche deux autres chemins qui s’offrirent, tous deux obscurs. L’île devait être sillonnée ainsi de communications invisibles, et Véronique songea avec une étreinte au cœur qu’elle se dirigeait vers la partie que les sœurs Archignat avaient désignée comme le domaine des ennemis, au-dessous des Landes-Noires.

Tout-Va-Bien trottinait devant elle, se retournant de temps à autre.

Elle lui disait à voix basse :

« Oui, oui, mon bonhomme, je viens, et sois sûr que je n’ai pas peur, c’est un ami vers qui tu me conduis… un ami qui a trouvé un refuge par là… Mais pourquoi n’est-il pas sorti de son refuge ? Pourquoi n’est-ce pas à lui que tu as servi de guide ? »

Le passage était partout égal, taillé par petits éclats, avec une voûte arrondie et un sol de granit bien sec, que les orifices ventilaient suffisamment. Sur les parois, aucune marque, aucune trace. Quelquefois la pointe d’un silex noir émergeait.

« C’est là ? » dit Véronique à Tout-Va-Bien, qui s’était arrêté.

Le tunnel n’allait pas plus loin, élargi en une chambre où la lumière moins abondante filtrait par une fenêtre plus étroite.

Tout-Va-Bien semblait indécis. Il écoutait, les oreilles droites, debout, les pattes appuyées contre la paroi extrême du tunnel.

Véronique remarqua que la paroi, à cet endroit, n’était pas constituée dans toute sa longueur, par le granit lui-même, mais par une accumulation de pierres inégales entourées de ciment. Le travail datait évidemment d’une autre époque, plus récente sans doute. On avait construit un véritable mur qui bouchait le souterrain, lequel devait se continuer de l’autre côté.

Elle répéta :

« C’est là, n’est-ce pas ? » Mais elle n’en dit pas davantage. Elle avait entendu le bruit étouffé d’une voix.