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Des heures d’apaisement s’écoulèrent. Véronique n’était plus seule dans la vie. Le présent ne l’effrayait plus et elle avait foi dans l’avenir.

Le lendemain matin, elle dit à Tout-Va-Bien, qu’elle avait enfermé près d’elle pour qu’il ne s’échappât point :

« Maintenant, mon bonhomme, tu vas me conduire. Où ? Mais vers l’ami inconnu qui envoyait des vivres à Stéphane Maroux. Allons-y. »

Tout-Va-Bien n’attendait que la permission de Véronique. Il s’élança du côté de la pelouse qui montait au dolmen, et, à mi-chemin, il s’arrêta. Véronique le rejoignit. Il tourna à droite et prit un sentier qui le mena dans un chaos de ruines situées près du bord de la falaise. Nouvel arrêt.

« C’est là ? » fit Véronique.

Le chien s’aplatit. Il y avait devant lui, à la base de deux blocs de pierre appuyés l’un contre l’autre et vêtus du même manteau de lierre, un fourré de ronces au-dessous duquel s’ouvrait un petit passage pareil à la gueule d’un terrier de lapin. Tout-Va-Bien se glissa par là, disparut, puis revint à la recherche de Véronique, qui dut retourner au Prieuré et prendre une serpe afin d’abattre les ronces.

Au bout d’une demi-heure elle réussit enfin à dégager la première marche d’un escalier qu’elle descendit à tâtons, précédée par Tout-Va-Bien, et qui la conduisit dans un long tunnel taillé en plein roc et que de petits orifices éclairaient du côté droit. Elle se haussa et vit que ces orifices avaient vue sur la mer.

Elle marcha ainsi durant dix minutes et descendit de nouvelles marches. Le tunnel se resserra. Les orifices, tous dirigés vers le ciel, afin, sans doute, qu’on ne pût les voir d’en bas, éclairaient maintenant par la droite et par la gauche. Véronique comprit alors comment Tout-Va-Bien pouvait communiquer avec l’autre partie de l’île. Le tunnel suivait l’étroite bande de falaise qui reliait à Sarek le domaine du Prieuré. De chaque côté les vagues battaient les rochers.

Puis on remonta, par des marches, sous la butte du Grand-Chêne. En haut, une bifurcation. Tout-Va-Bien