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« François doit se cacher… ainsi que M. Stéphane… Il y a des cachettes sûres dans l’île, que Maguennoc leur avait montrées. Donc, on ne les verra pas, et on ne saura rien de ce côté.

— Vous êtes certaine ?

— Certaine… Alors, voilà… Demain, quand tout le monde aura quitté Sarek, et que nous serons seules toutes deux, je ferai le signal avec ma conque, et il viendra ici. »

Véronique se révolta :

« Mais je ne veux pas le voir !… j’ai horreur de lui !… Comme mon père, je le maudis… Mais pensez donc, il a tué mon père, sous mes yeux ! il a tué Marie Le Goff … il a voulu vous tuer ! Non, non, c’est de la haine, c’est du dégoût que j’ai pour ce monstre !… »

La Bretonne lui serra la main, d’un geste qui lui était habituel, et murmura :

« Ne le condamnez pas encore… il n’a pas su ce qu’il faisait.

— Que dites-vous ! Il n’a pas su ? Mais j’ai vu ses yeux ! les yeux de Vorski…

— Il n’a pas su… il était fou.

— Fou ? Allons donc ?

— Oui, madame Véronique. Je connais l’enfant. Il n’a pas son pareil comme bonté. S’il a fait tout cela, c’est un coup de folie qu’il a eu… comme M. Stéphane. Ils doivent pleurer de désespoir maintenant.

— Il est inadmissible… je ne puis croire…

— Vous ne pouvez croire parce que vous ne savez rien de ce qui se passe… et de ce qui va se passer… Mais si vous saviez… Ah ! il y a des choses… des choses… »

Sa voix n’était plus perceptible. Elle se tut, mais ses yeux restaient grands ouverts et ses lèvres remuaient sans bruit.

Il n’y eut pas d’incidents jusqu’au matin. Vers cinq heures, Véronique entendit qu’on clouait les cercueils et presque aussitôt la porte de la chambre où elle se trouvait fut ouverte, et les sœurs Archignat entrèrent en coup de vent, très agitées toutes deux.

Elles avaient appris la vérité par Corréjou qui, pour