résoudre, quand, de nouveau, des cris retentirent à l’intérieur et au-dessus d’elle.
C’était une voix d’homme où Véronique crut reconnaître la voix de son père. Elle recula de quelques pas. Brusquement, au premier étage, une des fenêtres s’ouvrit, et elle aperçut M. d’Hergemont, la figure bouleversée par une épouvante inexprimable, et qui haletait :
« Au secours ! au secours ! Ah ! le monstre… Au secours !
— Père ! père ! appela Véronique avec désespoir, c’est moi ! »
Il baissa la tête un instant, ne parut pas voir sa fille, et, rapidement, essaya d’enjamber le balcon. Mais, derrière lui, il y eut une détonation et un des carreaux de la croisée vola en éclats.
« Assassin ! assassin ! » cria-t-il en rentrant dans la pièce.
Véronique, affolée, impuissante, regarda autour d’elle. Comment secourir son père ? Le mur était trop élevé, sans rien qui permît de s’y accrocher. Tout à coup elle avisa, vingt mètres plus loin, au pied même de la maison, une échelle. Par un prodige de volonté et d’énergie, elle réussit, quoique cette échelle fût très lourde, à la porter et à la dresser au-dessous de la fenêtre ouverte.
Aux minutes les plus tragiques de la vie, lorsque l’esprit n’est plus que désordre et qu’effervescence, lorsque tout le corps est secoué par le tremblement de l’angoisse, une certaine logique continue d’associer nos idées les unes aux autres, et Véronique se demandait pourquoi la voix d’Honorine ne se faisait pas entendre et par quoi son intervention était retardée.
Elle pensait aussi à François. Où donc était François ? Avait-il suivi Stéphane Maroux dans sa fuite inexplicable ? était-il parti à la recherche de secours ? Et puis, qui était celui que M. d’Hergemont traitait de monstre et d’assassin ?
L’échelle n’atteignait pas la fenêtre, et Véronique se rendit compte aussitôt de l’effort qu’il lui faudrait faire pour enjamber le balcon. Cependant, elle n’hésita pas. Là-haut, on se battait, lutte mêlée de clameurs