nique, et si on pouvait les ouvrir on y trouverait, bien sûr, des ossements et des ossements… M. d’Hergemont le dit lui-même, Sarek vient du mot sarcophage, qui est, selon son expression, la forme savante du mot cercueil. Et puis, il y a mieux… »
Honorine s’interrompit, comme si elle eût voulu penser à autre chose et, désignant un récif :
« Tenez, madame Véronique, après ce gros-là, qui nous barre la route, vous verrez, par une éclaircie, notre petit port, et, sur le quai, le béret rouge de François. »
Véronique avait écouté d’une oreille distraite toutes les explications d’Honorine. Elle se pencha davantage hors du canot pour aviser plus tôt la silhouette de son fils, tandis que, malgré elle, reprise par l’idée obsédante, la Bretonne continuait :
« Il y a mieux. L’île de Sarek, et c’est pour cela que votre père l’a choisie comme résidence, contient une série de dolmens qui n’ont rien de remarquable, mais qui ont cette particularité d’être tous à peu près semblables. Or, savez-vous combien il y en a de ces dolmens ? Trente ! trente, comme les principaux écueils. Et ces trente-là sont distribués autour de l’île, sur les falaises, juste en face des trente écueils, et chacun d’eux porte le même nom que l’écueil qui lui correspond. Dol-er-H’roeck, Dol-Kerlitu, etc. Qu’en dites-vous ? »
Elle avait prononcé ces noms de cette même voix craintive avec laquelle elle parlait de toutes ces choses, et comme si elle eût redouté d’être entendue de ces choses mêmes, animées par elle d’une vie redoutable et sacrée.
« Qu’en dites-vous, madame Véronique ? Oh ! dans tout cela il y a bien du mystère, et il vaut mieux, encore une fois, garder le silence. Je vous raconterai cela quand nous serons parties, loin de l’île, et que votre petit François sera dans vos bras, entre votre père et vous… »
Véronique se taisait, surveillant l’espace à l’endroit que la Bretonne avait indiqué. Tournant le dos à sa compagne, les deux mains agrippées au rebord du canot elle regardait éperdument. C’était par là, par cet intervalle étroit qu’elle allait apercevoir son enfant retrouvé,