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lire la lettre que ton grand-père écrivait à ce propos au capitaine Belval. Par courrier, je donnais à ton grand-père toutes les explications sur l’emplacement et sur la nature merveilleuse de la Pierre-Dieu.

— Eh bien, don Luis, s’écria l’enfant, ce sont ces explications que je vous demande. Voilà ma dernière question, je vous le promets. D’où vient que l’on a cru au pouvoir de la Pierre-Dieu ? Et en quoi consistait au juste ce soi-disant pouvoir ? »

Stéphane et Patrice rapprochèrent leurs fauteuils. Véronique se redressa et prêta l’oreille. Ils comprenaient tous que don Luis avait attendu qu’ils fussent réunis pour déchirer devant eux le voile du mystère.

Il se mit à rire.

« N’espérez rien de sensationnel, dit-il. Un mystère ne vaut que par les ténèbres dont il est enveloppé, et, comme nous avons d’abord dissipé les ténèbres, il ne reste plus que le fait lui-même dans sa réalité toute nue. Mais, cependant, le fait ici est étrange, et la réalité n’est pas dénuée de quelque grandeur.

— Il le faut bien, dit Patrice Belval, puisque cette réalité a laissé dans l’île de Sarek, dans toute la Bretagne même, une telle légende de miracle.

— En effet, fit don Luis, et une légende si tenace qu’elle influe sur nous aujourd’hui encore, et qu’aucun de vous n’a échappé à cette obsession de miracle.

— Comment ? protesta le capitaine, mais je ne crois pas aux miracles, moi.

— Moi non plus, affirma l’enfant.

— Mais si, mais si, vous y croyez, vous admettez le miracle comme une possibilité. Sans quoi, il y a longtemps que vous auriez saisi l’entière vérité.

— Comment cela ?  »

Don Luis cueillit une superbe rose à un arbuste dont les branches s’inclinaient vers lui, et demanda à François :

« Est-il possible que je transforme cette rose, dont les proportions sont déjà celles qu’une rose atteint rarement, en une fleur deux fois plus grande, et ce rosier en un arbuste plus grand du double ?