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arbre où il avait voulu faire mourir ta mère. De sorte que, embarrassé, hésitant, j’ai tout simplement cédé, en fin de compte, au besoin quelque peu puéril, je l’avoue à ma confusion, d’aller jusqu’au bout de la prophétie, de voir comment se comporterait le missionnaire en face du vieux Druide, bref, de m’amuser. Que veux-tu, l’aventure était si noire qu’un peu de gaîté m’a semblé nécessaire. Et j’ai bien ri. Voilà ma faute, je m’en accuse et je m’en excuse. »

L’enfant riait aussi. Don Luis, qui le tenait debout entre ses jambes, l’embrassa et répéta :

« Tu m’excuses ?

— Oui, mais à la condition que vous répondiez encore. Il me reste deux questions : la première peu importante…

— Parle.

— Il s’agit de la bague. D’où vient-elle cette bague que vous avez mise d’abord au doigt de maman, ensuite au doigt d’Elfride.

— Je l’ai fabriquée la nuit même en quelques minutes avec un vieil anneau et des pierres de couleur.

— Mais le bandit l’a reconnue comme ayant appartenu à sa mère.

— Il a cru la reconnaître, et il l’a cru parce que la bague était semblable.

— Mais comment le saviez-vous ? et comment connaissiez-vous cette histoire ?

— Par lui-même.

— Est-ce possible ?

— Mon Dieu, oui ! Des paroles qui lui ont échappé pendant qu’il dormait sous le Dolmen-aux-Fées… un cauchemar d’ivrogne… il a raconté par bribes toute l’histoire de sa mère, qu’Elfride connaissait, d’ailleurs, en partie. Tu vois comme c’est simple ! Et combien le hasard m’a favorisé !

— Mais l’énigme de la Pierre-Dieu n’est pas simple ! s’écria François, et vous l’avez déchiffrée ! Voilà des siècles que l’on cherche et vous avez mis quelques heures !

— Non, quelques minutes, François. Il m’a suffi de