Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne peut rappeler les événements de votre mariage.

— Mais mon nom reste. Légalement, sur les registres de l’état civil, je m’appelle Véronique d’Hergemont.

— Votre nom de jeune fille disparaît sous votre nom de femme.

— Donc sous mon nom de Vorski ?

— Non, puisque vous n’avez pas épousé le sieur Vorski, mais un de vos cousins qui s’appelait…

— Qui s’appelait ?

— Jean Maroux. Voici un extrait légalisé de votre acte de mariage avec Jean Maroux, mariage qui est mentionné sur votre état civil, ainsi que l’atteste cette autre pièce.

Véronique regarda don Luis avec stupeur.

— Mais pourquoi ?… pourquoi ce nom ?

— Pourquoi ? Pour que votre fils ne s’appelle plus d’Hergemont, ce qui aurait évoqué les événements d’autrefois, ni Vorski, ce qui aurait évoqué le nom d’un traître. Voici son extrait de naissance, François Maroux.

Elle répéta, rouge et confuse :

— Mais pourquoi avez-vous choisi précisément ce nom ?

— Cela m’a semblé commode pour François. C’est le nom de Stéphane auprès de qui François continuera longtemps de vivre. On pourra dire que Stéphane était parent de votre mari, et votre intimité à tous sera ainsi expliquée. Tel est mon plan. Il n’offre, soyez en sûre, aucun péril possible. Quand on se trouve en face d’une situation insoluble et douloureuse comme la vôtre, il faut bien employer des moyens particuliers et recourir à des mesures radicales, et, je l’avoue, fort peu légales. C’est ce que j’ai fait sans scrupules, puisque j’ai la bonne chance de disposer de ressources qui ne sont pas à la portée de tous. Vous m’approuvez ?

Véronique inclina la tête.

— Oui, oui, dit-elle.

Il se leva à moitié.

— D’ailleurs, ajouta-t-il, s’il se présente quelques inconvénients, l’avenir se chargera sans doute de les aplanir. Il suffirait, par exemple, — ce n’est pas indiscret, n’est-