à exécution la prophétie qui la concernait — prophétie dont j’ai caché quelques vers à François.
— Et le rôle d’Elfride ? sa haine contre vous ? les menaces qu’elle vous a faites ?
— Paroles de folie, dont moi-même, ai-je dit à François, je n’ai pas compris le sens. »
Don Luis sourit.
— L’explication est un peu sommaire, dit-il, et j’ai idée que François comprend fort bien que certaines parties du drame doivent rester et resteront dans l’ombre pour lui. L’essentiel, n’est-ce pas ? c’est qu’il ignore que Vorski était son père.
— Il l’ignore et ne le saura jamais.
— Et alors — et c’est là où je voulais en venir — quel nom portera-t-il lui-même ?
— Que voulez-vous dire ?
— Oui, de qui se croira-t-il le fils ? Car, vous le savez comme moi, la réalité légale se présente ainsi. François Vorski est mort dans un naufrage, ainsi que son grand-père, il y a quatorze ans. Et Vorski est mort, il y a un an, assassiné par un camarade. Légalement ils n’existent plus ni l’un ni l’autre, et alors ?…
Véronique hocha la tête en souriant.
— Et alors, je ne sais pas. La situation me semble, en effet, inextricable. Mais tout s’arrangera.
— Pourquoi ?
— Parce que vous êtes là.
Il sourit à son tour.
— Je n’ai même plus le bénéfice des actes que j’accomplis et des mesures que je prends. Tout s’arrange à priori. À quoi bon se donner de la peine !
— N’ai-je pas raison ?
— Oui, fit-il gravement. Celle qui a tant souffert ne doit plus subir le moindre ennui. Et rien ne l’atteindra désormais, je vous le jure. Donc voilà ce que je vous propose. Vous avez épousé autrefois, contre le gré de votre père, un de vos cousins très éloigné, qui est mort après avoir laissé un fils, François. Ce fils, votre père, pour se venger, l’a enlevé et l’a conduit à Sarek. Votre père étant mort, le nom d’Hergemont est éteint et rien