Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.

messe qu’il sortirait sain et sauf de l’aventure. En outre je lui appris que Vorski avait subtilisé les cinquante mille francs des sœurs Archignat.

— Comment le saviez-vous ? demanda Stéphane.

— Par mon compère numéro un, par Elfride, que j’avais continué d’interroger à voix basse, pendant que vous guettiez l’approche de Vorski, et qui me révéla également, en quelques mots rapides, ce qu’elle connaissait du passé de Vorski.

— En fin de compte, vous n’avez vu Otto qu’une fois.

— Deux heures plus tard, après la mort d’Elfride et après le feu d’artifice du chêne creux, seconde entrevue, sous le Dolmen-aux-Fées. Vorski dort, abruti par l’alcool, et Otto monte la garde. Vous comprenez si j’ai saisi l’occasion pour me documenter sur l’affaire, et pour compléter mes renseignements sur Vorski avec ceux, que dans l’ombre, et depuis deux ans, Otto n’a cessé de recueillir sur un patron qu’il déteste. Puis il décharge les revolvers de Vorski et de Conrad, ou plutôt il enlève les balles, tout en laissant les douilles. Puis il me passe la montre et le carnet de Vorski, ainsi qu’un médaillon vide et une photographie de la mère de Vorski qu’Otto lui avait subtilisée quelques mois auparavant, — toutes choses qui me servaient le lendemain à jouer au sorcier avec le dit Vorski dans la crypte où il me retrouve. Voilà comme quoi Otto et moi avons collaboré.

— Soit, dit Patrice, mais vous ne lui avez pourtant pas demandé de tuer Vorski ?

— Certes non.

— En ce cas qui nous prouve ?…

— Croyez-vous que Vorski n’ait pas deviné, à la fin, cette collaboration, qui est une des causes évidentes de sa défaite ? Et croyez-vous que le sieur Otto n’ait pas prévu cette éventualité ? Soyez-en sûrs, aucun doute à ce propos : Vorski, détaché de son arbre, eût supprimé son complice, autant pour se venger que pour retrouver les cinquante mille francs des sœurs Archignat. Otto a pris les devants. Vorski était là impuissant, inerte, proie facile. Il l’a frappé. J’irai plus loin. Otto, qui est un lâche, n’a même pas frappé. Il aura tout simplement laissé