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s’occupaient de mon adversaire, il m’avait conduit ici soi-disant pour me ramener à maman et nous embarquer tous deux. Puis, arrivé près de la barque, il m’a empoigné sans un mot.

— Tu le connais, cet homme ? tu connais son nom ?

— J’ignore tout de lui. Je sais seulement qu’il nous persécutait, maman et moi.

— Pour des raisons que je te dirai, mon petit François. En tout cas, tu n’as plus rien à craindre de lui.

— Oh ! vous ne l’avez pas tué ?

— Non, mais je l’ai rendu inoffensif. Tout cela te sera expliqué. Mais je crois que, pour l’instant, ce que nous avons de plus pressé c’est de rejoindre ta mère.

— Stéphane m’a dit qu’elle se reposait là, dans le sous-marin, et que vous l’aviez sauvée, elle aussi. Elle m’attend, n’est-ce pas ?

— Oui, cette nuit, elle et moi, nous avons causé, et je lui ai promis de te retrouver. J’ai senti qu’elle avait confiance en moi. Tout de même, Stéphane, il vaut mieux que vous alliez en avant et que vous la prépariez… »


… À droite, au bout d’une chaîne de rochers qui formaient comme une jetée naturelle, le Bouchon-de-Cristal flottait sur les eaux tranquilles. Une dizaine de Marocains s’agitaient de tous côtés. Deux d’entre eux maintenaient une passerelle que don Luis et François franchirent un instant après.

Dans une des cabines, arrangée en salon, Véronique était étendue sur une chaise longue. Son pâle visage gardait la marque des souffrances inexprimables qu’elle avait endurées. Elle semblait très faible, très lasse. Mais ses yeux pleins de larmes brillaient de joie.

François se jeta dans ses bras. Elle éclata en sanglots sans prononcer une parole.

En face d’eux, Tout-Va-Bien, assis sur son derrière, battait des pattes et les regardait, la tête un peu de côté.

« Maman, dit François, don Luis est là… »

Elle saisit la main de don Luis et l’embrassa longuement, tandis que François murmurait :