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attardé des sorciers d’autrefois, et que je soupçonne fort d’avoir joué plus d’une fois les revenants. Soyez sûrs que le Druide à tunique blanche que l’on prétendait avoir vu au sixième jour de la lune, moissonnant le gui, n’était autre que Maguennoc. Lui aussi connaissait les bonnes recettes, les plantes qui guérissent, la façon dont on travaille la terre pour que d’énormes fleurs y poussent. Une chose certaine, c’est qu’il a exploré les cryptes mortuaires et la salle des sacrifices, que c’est lui qui a dérobé la pierre magique enfermée dans le pommeau du sceptre, et qu’il entrait dans ces cryptes par l’ouverture que nous venons de franchir, au milieu du sentier de la Poterne dont, chaque fois, il était obligé de replacer l’écran de moellons et de cailloux. C’est également lui qui a communiqué à M. d’Hergemont la page du missel. Maintenant, lui a-t-il confié le résultat de ses dernières explorations, et que savait au juste M. d’Hergemont ? cela importe peu. Un autre personnage surgit, qui, désormais, incarne l’affaire et réclame toute l’attention, un missionnaire envoyé par le destin pour résoudre l’énigme séculaire, pour exécuter les ordres des puissances mystérieuses, et pour empocher la Pierre-Dieu… J’ai nommé Vorski. »

Don Luis avala son troisième verre d’eau, et, faisant signe au complice :

« Otto, dit-il, donne-lui tout de même à boire, s’il a soif. Tu as soif, Vorski ? »

Sur son arbre, Vorski semblait épuisé, à bout d’efforts et de résistance. Stéphane et Patrice intervinrent de nouveau, craignant un dénouement rapide.

« Mais non, mais non, s’écria don Luis, il est d’aplomb et tiendra jusqu’à ce que j’aie fini mon discours, ne fût-ce que par envie de savoir. N’est-ce pas, Vorski, ça te passionne ?

— Voleur ! assassin ! balbutia le misérable.

— À la bonne heure ! Par conséquent tu refuses toujours d’indiquer la retraite de François ?

— Assassin… Bandit…

— Reste donc, mon vieux. À ta guise. Un peu de souffrance, rien n’est meilleur pour la santé. Et puis