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tenu ça souvent entre mes mains et je ne m’y trompe pas. Alors, comment ce démon a-t-il pu la ressusciter ? »

Il s’arrêta brusquement près du billot où il avait ramassé le sceptre.

« À moins que… » dit-il.

Conrad, qui le suivait, s’écria :

« Dépêchez-vous donc au lieu de bavarder.  »

Vorski se laissa entraîner, mais, tout en marchant, il continuait :

« Veux-tu que je te dise mon idée, Conrad ? Eh bien, la femme qu’on nous a montrée et qui dormait, ce n’était pas elle. Vivait-elle seulement, celle-là ? Ah ! ce vieux sorcier est capable de tout. Il aura modelé quelque image… une poupée de cire à laquelle il aura donné la ressemblance.

— Vous êtes fou. Marchez donc !

— Je ne suis pas fou. Cette femme ne vivait pas. Celle qui est morte sur l’arbre est bien morte. Et tu la retrouveras là-haut, je t’en réponds. Des miracles, oui, mais pas un tel miracle !… »

N’ayant plus leur lanterne, les trois complices se heurtaient aux murs et aux pierres étroites. Leurs pas résonnaient de voûte en voûte. Conrad ne cessait de grogner.

« Je vous avais prévenu… il fallait lui casser la tête. » Otto, lui, se taisait, essoufflé par la course.

Ils arrivèrent ainsi, en tâtonnant, au vestibule qui précédait la crypte d’entrée, et ils furent assez surpris de constater que cette première salle était obscure, bien que le passage qu’ils y avaient creusé à la partie supérieure, sous les racines du chêne mort, eût dû répandre une certaine clarté.

« C’est bizarre, dit Conrad.

« Bah ! répliqua Otto, il s’agit seulement de trouver l’escalier qui s’accroche au mur. Tiens, j’y suis… voilà une marche… et puis la suivante… »

Il escalada ces marches, mais presque aussitôt fut arrêté.

« Pas moyen d’avancer… on dirait qu’il y a eu un éboulement.