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— Non.

— Alors, que dis-tu de tout cela, hein ? C’est pas du chiqué… c’est pas du battage. Le vieux Druide est un type d’attaque, et tu vas le suivre, n’est-ce pas ?

— Oui. »

Vorski était vaincu. Cet homme le subjuguait. Ses instincts superstitieux, ses croyances ataviques aux puissances mystérieuses, sa nature inquiète et déséquilibrée, tout lui imposait une soumission absolue. Sa défiance persistait, mais ne l’empêchait pas d’obéir.

Il demanda :

« Est-ce loin ?

— À côté. Dans le grand salon. »

Otto et Conrad avaient écouté le dialogue en témoins abasourdis. Conrad essaya de protester. Mais Vorski lui ferma la bouche.

« Si tu as peur, va-t’en. Du reste, — et il ajouta ces mots avec affectation, — du reste, nous ne marchons que le revolver au poing. À la moindre alerte, feu.

— Feu sur moi ? ricana le vieux Druide.

— Feu sur n’importe quel ennemi.

— Eh bien, passe le premier, feu Vorski. »

Et comme l’autre se rebiffait, il éclata de rire.

« Feu Vorski… tu n’as pas l’air de trouver ça drôle ? Oh ! moi non plus, d’ailleurs… Seulement, il faut bien s’amuser… Eh bien quoi, tu ne passes pas ? »

Il les avait amenés tout au bout de la crypte, dans une masse d’ombre où la lanterne leur montra une fente creusée au pied de la muraille et qui s’enfonçait en descendant.

Après une hésitation, Vorski passa. Il dut ramper à genoux et sur les mains dans ce couloir étroit et tortueux, d’où il déboucha, une minute plus tard, au seuil d’une grande salle.

Les autres le rejoignirent.

Le vieux Druide déclara solennellement :

« La salle de la Pierre-Dieu. »

Elle était profonde et majestueuse, pareille, comme dimensions et comme forme, à l’esplanade au-dessous de laquelle elle s’étendait. Le même nombre de pierres