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XIV

LE VIEUX DRUIDE



Les trois complices, qui connaissaient à merveille toutes les finesses de la langue française et n’ignoraient aucun terme d’argot, ne se trompèrent pas un instant sur le sens véritable de cette exclamation imprévue. Ils furent stupéfaits.

Vorski interrogea Conrad et Otto.

« Hein ? Que dit-il ?

— Oui, oui, vous avez bien entendu… c’est cela… » répondit Otto.

À la fin, Vorski fit une nouvelle tentative sur l’épaule de l’inconnu, lequel se retourna sur sa couche, s’étira, bâilla, parut se rendormir, et soudain, vaincu, proféra, en s’asseyant à demi :

« Enfin quoi ! on ne peut donc plus roupiller à son aise dans cette boîte-là ? » Un jet de lumière l’aveugla, et il marmotta, effaré :

« Qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce qu’on me veut ? »

Vorski posa la lanterne sur un ressaut de la paroi et son visage apparut ainsi en pleine clarté. Le vieillard, qui continuait d’exhaler sa mauvaise humeur en plaintes incohérentes, regarda son interlocuteur, se calma peu à peu, prit même une expression aimable, presque souriante, et, tendant la main, s’écria :

« Ah, çà ! mais c’est donc toi, Vorski ? Comment vas-tu, vieille branche ? »

Vorski eut un haut-le-corps. Qu’il fût connu du vieillard et que celui-ci l’appelât par son nom, cela ne l’étonnait pas outre mesure, puisqu’il avait la conviction, en