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Le numéro 12, qu’elle trouva sur le mur d’un cimetière, la lança sur la route de Concarneau, qu’elle atteignit presque, sans avoir aperçu d’autres inscriptions.

Elle pensa donc qu’elle s’était trompée, revint sur ses pas, et perdit toute une journée en investigations inutiles.

Ce n’est que le jour suivant que le numéro 13, fort effacé, lui indiqua la direction de Fouesnant. Puis elle abandonna cette direction, pour suivre toujours selon les signaux, des chemins de campagne où une fois encore elle s’égara.

Enfin elle aboutit, quatre jours après avoir quitté le Faouët, face à l’Océan, sur la grande plage de Beg-Meil.

Elle passa deux nuits au village sans recueillir la moindre réponse aux questions, d’ailleurs discrètes, qu’elle posait. Enfin, un matin, ayant erré parmi les groupes de roches à demi submergées qui entrecoupent la plage, et sur la falaise basse recouverte d’arbres et de taillis qui l’encadre, elle découvrit, entre deux chênes dénudés, un abri de terre et de branches qui avait dû servir à des douaniers. Un petit menhir se dressait à l’entrée. Sur ce menhir, il y avait l’inscription, suivie du numéro 17.

Aucune flèche. En-dessous, un simple point. Voilà tout.

Dans l’abri, trois bouteilles cassées, des boîtes de conserves vides.

« C’était là le but, se dit Véronique. On y a mangé. Des vivres places d’avance, peut-être. »

À ce moment, elle s’avisa que, non loin d’elle, au bord d’une petite baie, qui s’arrondissait comme une conque au milieu de roches voisines, un canot se balançait, un canot à pétrole dont on apercevait le moteur.

Et elle entendit des voix qui venaient du village, une voix d’homme et une voix de femme.

De l’endroit où elle se trouvait, il ne lui fut d’abord possible de voir qu’un homme assez âgé qui portait dans ses bras une demi-douzaine de sacs de provisions, pâtes, légumes secs, et qui les déposa à terre en disant :