Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Sors donc le petit paquet ficelé que tu as épinglé là, à l’intérieur de ta chemise. »

Et Otto toucha du doigt la poitrine de Vorski en ajoutant :

« Sors-le donc, le petit paquet, et aligne donc les cinquante billets de mille. »

Vorski ne répondit pas. Il était stupéfait, comme un homme qui ne comprend rien à ce qui lui arrive et qui cherche vainement à deviner comment l’adversaire s’est procuré des armes contre lui.

« Tu avoues ? lui demanda Otto.

— Pourquoi pas ? répliqua-t-il. J’avais l’intention de régler le compte plus tard, en bloc.

— Règle-le tout de suite. C’est préférable.

— Et si je refuse ?

— Tu ne refuseras pas.

— Si, je refuse ?

— En ce cas, gare à toi.

— Qu’est-ce que je crains, vous n’êtes que deux.

— Nous sommes trois au moins.

— Où est le troisième ?

— Le troisième est un monsieur qui n’a pas l’air du premier venu, à ce que vient de me dire Conrad… bref, celui qui t’a roulé tout à l’heure, l’homme à la flèche et à la tunique blanche.

— Tu l’appellerais ?

— Parbleu ! »

Vorski sentit que la partie n’était pas égale. Les deux acolytes l’encadraient et le serraient fortement. Il fallait céder.

« Tiens, voleur ! tiens, bandit ! s’écria-t-il en tirant le petit paquet et en dépliant les billets.

— Pas la peine de compter, fit Otto qui lui arracha la liasse par surprise.

— Mais…

— C’est ainsi. La moitié pour Conrad, la moitié pour moi.

— Ah ! brute ! Voleur de voleur ! tu me le paieras. Je m’en fiche de l’argent. Mais me piller comme dans un bois ! Ah ! je ne voudrais pas être dans ta peau, mon bonhomme. »