Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous aurez votre part, pour ce simple motif que la possession du trésor me fournira des richesses si fantastiques, que je n’irai pas me créer des ennuis avec vous pour une misère de deux cent mille francs.

— Donc, nous avons votre parole ?

— Évidemment.

— Votre parole que toutes les clauses de notre accord seront respectées ?

— Évidemment. Où veux-tu en venir ?

— À ceci, c’est que vous avez commencé à nous rouler de la façon la plus ignoble, en ne respectant pas l’une des clauses de cet accord.

— Hein ! Qu’est-ce que tu chantes ? Sais-tu bien à qui tu parles ?

— À toi, Vorski. »

Vorski empoigna son complice.

« Qu’est-ce que c’est ! Tu oses m’insulter ! me tutoyer, moi, moi !

— Pourquoi pas, puisque tu m’as bien volé, toi ? »

Vorski se contint et reprit, la voix frémissante :

« Parle et fais bien attention, mon petit, car tu joues un rude jeu. Parle.

— Voici, déclara Otto. En dehors du trésor, en dehors des deux cent mille francs, il était convenu entre nous, — tu avais levé la main en guise de serment, — il était convenu que toute somme d’argent liquide trouvée par l’un de nous au cours de l’affaire serait partagée en deux : moitié pour toi, moitié pour Conrad et pour moi. Est-ce vrai ?

— C’est vrai.

— Alors, donne, fit Otto en tendant la main.

— Te donner quoi ? Je n’ai rien trouvé.

— Tu mens. Tandis qu’on expédiait les sœurs Archignat, tu as trouvé sur l’une d’elles, dans son corsage, le magot qu’on n’avait pas pu dénicher dans leur maison.

— En voilà une histoire ! dit Vorski, d’un ton où perçait l’embarras.

— C’est la pure vérité.

— Prouve-le.