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— Des explications ? Et sur quoi, abruti ? Sur la dame qu’on exécute ? Sur l’un ou l’autre des deux gosses ? Inutile d’insister, camarades. Je vous l’ai dit en vous proposant l’affaire : « Marchez-vous les yeux fermés ? Il y aura une rude besogne à accomplir, beaucoup de sang à verser. Mais, au bout du compte, la forte somme.

— C’est là toute la question, dit Otto.

— Précise, ahuri.

— C’est à vous de préciser et d’en revenir aux termes mêmes de notre accord. Quels sont-ils ?

— Tu les connais mieux que moi.

— Justement, c’est pour vous les remettre en mémoire que je vous demande de nous les répéter.

— Ma mémoire est fidèle. Le trésor pour moi, et sur le trésor un prélèvement de deux cent mille francs à vous partager.

— C’est ça, et ce n’est pas ça. Nous y reviendrons. Commençons par causer du fameux trésor. Voilà des semaines qu’on s’esquinte, que l’on vit dans le sang et dans le cauchemar de toutes sortes de crimes… et rien à l’horizon ! »

Vorski haussa les épaules.

« De plus en plus bête, mon pauvre Otto. Tu sais qu’il y avait d’abord un certain nombre de choses à accomplir. Elles le sont toutes, sauf une. Dans quelques minutes, celle-là le sera à son tour, et le trésor nous appartiendra.

— Qu’en savons-nous ?

— Crois-tu donc que j’aurais fait tout ce que j’ai fait si je n’avais pas été sûr du résultat… comme je suis sûr de vivre ? Tous les événements se sont déroulés dans un ordre inflexible et marqué d’avance. Le dernier se produira à l’heure dite, et m’ouvrira la porte.

— La porte de l’enfer, ricana Otto, ainsi que j’ai entendu Maguennoc l’appeler.

— Qu’on l’appelle de ce nom ou d’un autre, elle ouvre sur le trésor que j’aurai conquis.

— Soit, fit Otto, que la conviction de Vorski impressionnait, soit. Je veux croire que vous avez raison. Mais qui nous affirme que nous aurons notre part ?