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bien combiné, mère chérie… Il n’y a rien à craindre… Seulement… Seulement… »

Il s’était interrompu et réfléchissait.

« Quoi ?… qu’y-a-t-il ?… demanda Véronique

— Oh ! rien, un petit retard…

— Mais, enfin… »

Il se mit à rire.

« Vrai, pour un chef d’expédition, j’avoue que c’est un peu humiliant. Figure-toi que je n’ai oublié qu’une chose, les rames. Elles sont au Prieuré.

— Mais c’est terrible ! s’écria Véronique.

— Pourquoi ? Je cours au Prieuré. Dans dix minutes, je suis de retour. »

Toutes les appréhensions de Véronique revenaient.

« Et s’ils débouchent du tunnel pendant ce temps ?

— Allons, allons, maman, dit-il en riant, tu m’as promis d’avoir confiance. Pour déboucher du tunnel, il leur faut une heure de travail, et on les entendrait. Et puis, pas d’explications inutiles, maman chérie. À tout à l’heure. »

Il s’élança.

« François ? François ? »

Il ne répondit pas.

« Ah ! pensa-t-elle, de nouveau assaillie par des pressentiments, je m’étais juré de ne pas le quitter d’une seconde. »

Elle le suivit de loin et s’arrêta sur un monticule situé entre le Dolmen-aux-Fées et le Calvaire-Fleuri. De là, elle apercevait l’issue du tunnel, et elle voyait aussi son fils qui dégringolait le long de la pelouse.

Il entra d’abord dans le sous-sol du Prieuré. Mais sans doute les rames ne s’y trouvaient-elles point, car il sortit, presque aussitôt et se dirigea vers la porte principale qu’il ouvrit, et il disparut.

« Une minute lui suffira amplement, se dit Véronique. Les rames doivent être dans le vestibule… en tout cas, sûrement au rez-de-chaussée… Mettons deux minutes au plus. »

Elle compta les secondes, tout en observant l’issue du tunnel.