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François, devinant le combat qui se livrait dans l’âme de sa mère.

Véronique sembla se réveiller et répondit :

« Non, non, ne crains rien… Cependant, on devrait peut-être…

— Oh ! je t’en prie, laisse-la, maman, et allons-nous-en. »

Elle le souleva dans ses bras, avant même que la femme eût disparu, le pressa contre elle et l’emporta jusqu’à la cellule, comme s’il n’eût pas pesé plus qu’un petit enfant.

« Maman… maman… disait-il.

— Oui, mon chéri, ta maman, et personne ne t’arrachera plus à moi, je te le jure. »

Sans se soucier des blessures que la pierre lui faisait, elle se glissa, presque d’un coup cette fois, par la fente que François avait pratiquée dans le mur, puis elle attira l’enfant, et seulement alors elle prit le temps de le délivrer de ses liens.

« Plus de danger ici, dit-elle, du moins pour le moment, puisque l’on ne peut guère nous attaquer que par cette cellule et que je saurais bien en défendre l’issue. »

Ah ! de quelle étreinte ils se serraient l’un contre l’autre ! Aucun obstacle ne séparait maintenant leurs lèvres et leurs bras. Ils se voyaient, ils se regardaient à même les yeux.

« Mon Dieu ! que tu es beau, mon François, » disait Véronique.

Elle ne lui trouvait point de ressemblance avec l’enfant meurtrier, et s’étonnait qu’Honorine eût pu les confondre l’un avec l’autre. Et elle ne se lassait pas d’admirer la noblesse, la franchise et la douceur de son visage.

« Et toi, ma maman, disait-il, supposes-tu donc que j’imaginais une mère aussi belle que toi ? Non, pas même dans mes rêves, quand tu m’apparaissais sous l’aspect d’une fée. Et cependant Stéphane m’a souvent raconté… »

Elle l’interrompit :