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tout. Les preuves recommencèrent, plus terribles que les premières.

«  La mort nous environne, » dit-elle.

Il tenta de sourire.

«  Vous parlez comme parlaient les gens de Sarek. Vous avez les mêmes peurs…

— Ils avaient raison d’avoir peur. Et, vous-même, vous sentez bien l’horreur de tout cela. »

Elle s’élança vers la porte, tira le verrou, essaya d’ouvrir, mais que pouvait-elle contre ce battant massif que renforçaient des plaques de fer ?

Stéphane lui saisit le bras.

«  Un instant… Écoutez… On dirait…

— Oui, fit-elle, c’est là-haut qu’ils frappent… au-dessus de nous… dans la cellule de François…

— Mais non, mais non, écoutez… »

Un long silence, et puis des coups résonnèrent dans l’épaisseur de la falaise. C’était au-dessous d’eux.

«  Les mêmes coups que j’ai entendus ce matin, dit Stéphane avec effarement… le même travail dont je vous ai parlé… Ah ! je comprends !…

— Quoi ! Que voulez-vous dire ?… »

Les coups se répétaient à intervalles égaux, puis ils cessèrent, et ce fut alors un bruit sourd, ininterrompu, avec des grincements plus aigus et des craquements subits. Cela ressemblait à l’effort d’une machine que l’on met en marche, d’un de ces cabestans qui servent au bord de la mer à remonter les barques.

Véronique écoutait, dans l’attente éperdue de ce qui allait advenir, cherchant à deviner, épiant quelque indice dans les yeux de Stéphane, qui se tenait devant elle et qui la regardait comme on regarde au moment du péril une femme que l’on aime.

Et soudain elle chancela et dut s’appuyer d’une main à la paroi. On eût dit que la grotte, que la falaise tout entière, bougeait dans l’espace.

«  Oh ! murmura-t-elle, est-ce moi qui tremble ainsi ?… Est-ce la peur qui me secoue des pieds à la tête ? »

Violemment, elle prit les deux mains de Stéphane et lui demanda :