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IX

« LA CHAMBRE DE MORT »



Le calcul était juste à condition que la porte s’ouvrît à l’extérieur, et que les ennemis fussent aussitôt découvert. Véronique examina donc le battant, et, subitement, constata qu’il y avait en bas, contrairement à toute logique, un gros verrou solide et massif. Allait-elle s’en servir ?

Elle n’eut pas le temps de réfléchir aux avantages ou aux inconvénients de ce projet. Elle avait entendu un cliquetis de clefs, et, Presque en même temps, le bruit d’une clef qui heurtait la serrure.

La vision très nette de ce qui pouvait advenir frappa Véronique. Devant l’irruption des agresseurs, désemparée, gênée dans ses mouvements, elle viserait mal et ses coups ne porteraient pas. En ce cas on refermerait la porte, et, sans tarder, on courrait à la cellule de François.

Cette idée l’affola, et l’acte qu’elle accomplit fut instinctif et immédiat. D’un geste, elle poussa le verrou du bas. D’un autre geste, s’étant dressée à demi, elle rabattit le volet de fer sur le guichet. Un loquet se déclencha. On ne pouvait plus ni entrer ni regarder.

Tout de suite elle comprit l’absurdité de cet acte, qui ne mettait pas d’obstacle aux menaces de l’ennemi. Stéphane, qui avait bondi jusqu’auprès d’elle, le lui dit :

« Mon Dieu, qu’avez-vous fait ? Ils ont bien vu que je ne bougeais pas, et ils savent que je ne suis pas seul.

— Justement, dit-elle, essayant de se défendre. Ils