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— En pèlerinage à la chapelle du Faouët, près de l’endroit où vous l’avez trouvé mort.

— Qui l’a tué, selon vous ?

— Certainement un des êtres qui correspondaient entre eux par les signaux inscrits le long de la route, un des êtres qui vivent cachés dans les cellules, et qui poursuivent une entreprise que j’ignore.

— Ceux qui vous ont attaqués, François et vous, par conséquent ?

— Oui, et qui, aussitôt après, se servant des vêtements qu’ils nous avaient dérobés auparavant, ont joué le rôle de François et le mien.

— Dans quel but ?

— Pour pénétrer plus facilement dans le Prieuré, et puis, en cas d’insuccès, pour dérouter les recherches.

— Mais, depuis qu’ils vous gardent ici, vous ne les avez pas vus ?

— Je n’ai vu, ou plutôt entre-aperçu, qu’une femme. Elle vient la nuit. Elle m’apporte à manger et à boire, me délie les mains, relâche un peu les liens qui serrent mes jambes, et revient deux heures après.

— Elle vous a parlé ?

— Une seule fois, la première nuit, à voix basse, et pour me dire que, si j’appelais, si je criais, ou si j’essayais de fuir, François paierait pour moi.

— Cependant, au moment de l’attaque, vous n’avez pas pu discerner ?…

— Je n’en sais pas plus que François à ce propos.

— Et rien ne faisait prévoir cette agression

— Rien. Le matin, M. d’Hergemont reçut, au sujet de l’enquête qu’il poursuivait sur tous ces faits, deux lettres importantes. L’une de ces lettres, écrite par un vieux noble de Bretagne, connu pour ses attaches royalistes, était accompagnée d’un document curieux trouvé par lui dans les papiers de son arrière-grand-père : le plan de cellules souterraines que les Chouans occupaient jadis à Sarek. C’étaient évidemment ces mêmes demeures druidiques dont parlent les légendes. Le plan indiquait l’entrée sur les Landes-Noires et marquait deux étages, tous deux terminés par une chambre de supplice.