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— Alors ne le fermons pas, et gardons toute notre confiance, Stéphane.

— C’est pour vous que j’ai peur.

— Il ne faut avoir peur ni pour moi ni pour vous… Au pis aller, nous sommes de taille à nous défendre, ajouta-t-elle en lui montrant un revolver qu’elle avait pris à la panoplie de son père et qui ne la quittait pas.

— Ah ! dit-il, ce que je crains, c’est que nous n’ayons même pas à nous défendre. Ils ont d’autres moyens.

— Lesquels ? »

Il ne répliqua pas. Il avait jeté vers le sol un regard rapide, et Véronique, un instant, examina la structure bizarre de ce sol.

Tout autour, formant le cercle au long des parois, c’était le granit lui-même, inégal et rugueux. Mais, dans ce granit, était inscrit un vaste carré dont on voyait, des quatre côtés, la fente profonde qui l’isolait, et dont les poutres qui le composaient étaient usées, creusées de rides, crevassées et tailladées, massives, cependant, puissantes. Le quatrième côté suivait presque le bord de l’abîme. Vingt centimètres tout au plus l’en séparaient.

« Une trappe ? dit-elle en frissonnant.

— Non, non, ce serait trop lourd, affirma-t-il.

— Alors ?

— Je ne sais pas. Ce n’est rien, sans doute, que le vestige d’une chose d’autrefois qui ne fonctionne plus. Pourtant…

— Pourtant ?…

— Cette nuit… ce matin plutôt, il y a eu des craquements là, en dessous… On aurait dit des essais, tout de suite interrompus, d’ailleurs, car il y a si longtemps !… Non, cela ne fonctionne plus, et ils ne peuvent pas s’en servir, eux.

— Qui eux ? »

Sans attendre sa réponse, elle reprit :

« Écoutez, Stéphane, nous avons quelques moments devant nous, peut-être plus courts que nous ne le supposons. D’une minute à l’autre François sera libre et viendra à notre secours. Profitons du répit pour nous dire