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de supplice… des « chambres de mort », selon l’expression de grand-père.

— Qu’est-ce que tu dis ? C’est effrayant !

— Pourquoi t’effrayer, maman ? Tu vois bien que l’on ne pense pas à me torturer. Seulement, à tout hasard, et ne sachant pas le sort réservé à Stéphane, je lui ai envoyé de quoi manger par l’entremise de Tout-Va-Bien, qui aura sûrement trouvé un passage.

— Non, fit-elle, Tout-Va-Bien n’a pas compris.

— Comment le sais-tu, maman ?

— Il a cru que tu l’envoyais dans la chambre de Stéphane Maroux, et il a tout accumulé sous le lit.

— Ah ! fit l’enfant avec inquiétude, qu’est-ce qu’a pu devenir Stéphane ? »

Et il ajouta aussitôt :

« Tu vois, maman, il faut nous hâter, si nous voulons sauver Stéphane et nous sauver nous-mêmes.

— Que redoutes-tu ?

— Rien, si nous agissons vite.

— Mais encore…

— Rien, je t’assure. Il est certain que nous aurons raison de tous les obstacles.

— Et s’il s’en présente d’autres… des dangers que nous ne pouvons prévoir ?…

— C’est alors, dit François en riant, que ce quelqu’un qui doit venir arrivera et nous protègera.

— Tu vois, mon chéri, tu admets toi-même la nécessité d’un secours…

— Mais non, maman, j’essaie de te tranquilliser, mais il ne se passera rien. Voyons, comment veux-tu qu’un fils qui a retrouvé sa mère la perde de nouveau ? Est-ce admissible ? Dans la vie réelle peut-être, mais nous ne sommes pas dans la vie réelle, nous sommes en plein roman, et, dans les romans, cela s’arrange toujours. Demande à Tout-Va-Bien. N’est-ce pas, mon vieux, que nous aurons la victoire et que nous serons réunis et heureux ? C’est ton opinion, Tout-Va-Bien ? Alors, file, mon vieux, et conduis maman. Moi, je rebouche le trou, au cas où on visiterait ma cellule. Et, surtout, n’essaie pas d’entrer quand il est bouché, hein, Tout-Va-Bien ?