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Sainte-Barbe, perchée dans le site le plus extravagant et qui fut l’occasion du film, Légende Bretonne. Puis allez à pied sur la route de Quimper. Au bout de la première montée, un peu avant le chemin vicinal qui conduit à Locriff, se trouve, dans un demi-cirque entouré d’arbres, la cahute abandonnée qui porte l’inscription. Rien de remarquable ne la caractérise. À l’intérieur, c’est le vide. Pas même de plancher. Une planche pourrie servait de banc. Comme toit un châssis vermoulu, à travers lequel il pleut. Encore une fois, il est hors de doute que c’est le hasard l’a placée dans le champ de visibilité du cinématographe. J’ajouterai, pour finir, que le film Légende Bretonne a été pris au mois de septembre dernier, ce qui fait que l’inscription remonte au moins à huit mois.

« Voilà, madame. Ma double mission est achevée. Je suis trop discret pour vous dire après quels efforts et par quels moyens ingénieux j’ai pu l’accomplir en si peu de temps, sans quoi vous trouveriez un peu ridicule la somme de cinq cents francs à laquelle je borne le prix de mon intervention.

« Veuillez agréer, je vous prie… »


Véronique replia la lettre et s’attarda quelques minutes aux impressions que cette lecture lui posait, impressions douloureuses comme toutes celles qui ressuscitaient les jours atroces de son mariage. Une, surtout, avait persisté, aussi forte qu’aux heures où elle se jetait, pour y échapper, dans l’ombre d’un couvent. C’était l’impression, la certitude même que tous ses malheurs, que la mort de son père, que la mort de son fils, provenaient de la faute qu’elle avait commise en aimant Vorski. Certes elle avait résisté à l’amour de cet homme et ne s’était décidée au mariage que contrainte, désespérée, et pour soustraire M. d’Hergemont à la vengeance de Vorski. Mais tout de même elle l’avait aimé, cet homme. Tout de même, au début, elle avait pâli sous son regard, et de cela, de ce qui lui semblait maintenant une lâcheté impardonnable, elle gardait un remords que le temps n’avait pas affaibli.