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— Tu soupçonnes bien…

— Les Druides ? fit-il en riant… les êtres d’autrefois dont parlent les légendes ? Ma foi non. Des esprits ? Pas davantage. C’étaient bel et bien des gens d’aujourd’hui, en chair et en os.

— Cependant, ils vivent là-dedans ?

— Probablement.

— Et vous les avez surpris ?…

— Non, au contraire. Ils semblaient même nous attendre et nous guetter. Nous avions descendu un escalier de pierre et suivi un très long couloir, bordé peut-être de quatre-vingts grottes ou plutôt de quatre-vingts cellules, dont les portes en bois étaient ouvertes et qui doivent donner sur la mer. C’est au retour, comme nous remarquions l’escalier dans l’ombre, que nous avons été saisis de côté, immobilisés, ficelés, aveuglés et bâillonnés. Cela n’a pas duré une minute. J’ai deviné qu’on nous reportait au bout du long couloir. Quand j’ai réussi à me débarrasser de mes liens et de mon bandeau, je me trouvais enfermé dans une des cellules, la dernière sans doute du couloir, et j’y suis depuis dix jours.

— Mon pauvre chéri, comme tu as dû souffrir !

— Mais non, maman, et, en tout cas, pas de faim. Il y avait dans un coin tout un tas de provisions, dans un autre coin de la paille pour me coucher. Alors, j’attendais paisiblement.

— Qui ?

— Tu ne vas pas rire, maman ?

— Rire de quoi, mon chéri ?

— De ce que je vais te raconter ?…

— Comment peux-tu croire ?…

— Eh bien, j’attendais quelqu’un qui a entendu parler de toutes les histoires de Sarek et qui a promis à grand-père de venir.

— Mais qui, mon chéri ? »

L’enfant hésita :

« Non, décidément, tu te moquerais de moi, maman. Je te dirai cela plus tard. D’ailleurs, il n’est pas venu… quoique j’aie bien cru un instant… Oui, figure-toi que j’avais réussi à enlever deux pierres de ce mur et à dé-