VII
FRANÇOIS ET STÉPHANE
ongtemps la mère et le fils restèrent ainsi, agenouillés contre le mur qui les séparait, mais aussi près l’un de l’autre que s’ils avaient pu se regarder de leurs yeux perdus et mêler leurs baisers et leurs larmes.
Ils parlaient en même temps, ils s’interrogeaient et se répondaient au hasard. Ils étaient ivres de joie. La vie de chacun débordait vers la vie de l’autre et s’y absorbait. Nulle puissance au monde maintenant ne pouvait faire que leur union fût dissoute, et qu’il n’y eût plus entre eux les liens de tendresse et de confiance qui unissent les mères et les fils.
« Ah ! oui, mon vieux Tout-Va-Bien, disait François, tu peux faire le beau. Nous pleurons vraiment, et tu te fatigueras le premier, car ces larmes-là, on ne s’en lasse pas, n’est-ce pas, maman ? »
Pour Véronique, rien ne demeurait plus en son esprit des visions terribles qui l’avaient frappée. Son fils assassin, son fils tuant et massacrant, non, elle n’admettait plus cela. Elle n’admettait même plus l’excuse de la folie. Tout s’expliquerait d’une autre façon, qu’elle n’était même point pressée de connaître. Elle ne songeait qu’à son fils. Il était là. Ses yeux le voyaient à travers le mur. Son cœur battait contre le sien. Il vivait et c’était bien l’enfant doux, affectueux, charmant et pur qu’avait rêvé son imagination de mère.
« Mon fils, mon fils, répétait-elle indéfiniment, comme si jamais elle ne pourrait dire assez ces mots miraculeux… Mon fils, c’est donc toi ! Je te croyais mort, et mille