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phane et c’est cela qui m’inquiète. Où est-il ? Où l’a-t-on enfermé, lui ? Ne meurt-il pas de faim ? Voyons, Tout-Va-Bien, réponds, où as-tu porté les biscuits avant-hier ?… Mais enfin, quoi, qu’est-ce que tu as ? Tu as l’air préoccupé ? Que regardes-tu par là ? Tu veux t’en aller ? Non ? alors, quoi ? »

L’enfant s’interrompit. Puis, après un instant, et d’une voix beaucoup plus basse :

« Tu es venu avec quelqu’un … Il y a quelqu’un derrière le mur ? »

Le chien aboya sourdement. Puis il y eut un long silence durant lequel François devait écouter, lui aussi.

L’émotion de Véronique était si forte qu’il lui semblait que François devait entendre battre son cœur. Il chuchota :

« C’est toi, Honorine ? »

Un nouveau silence, et il reprit :

« Oui, c’est toi, je suis sûr… je t’entends respirer… Pourquoi ne réponds-tu pas ?  »

Un élan souleva Véronique. Certaines lueurs l’avaient illuminée depuis qu’elle savait Stéphane emprisonné, donc victime comme François sans doute de l’ennemi, et son esprit était effleuré de suppositions confuses. Et puis comment résister à l’appel de cette voix ? Son fils l’interrogeait… Son fils !

Elle balbutia :

« François… François…

— Oh ! fit-il… on répond… je savais bien… C’est toi, Honorine ?

— Non, François, dit-elle.

— Alors ?

— C’est une amie d’Honorine.

— Je ne vous connais pas ?

— Non… mais je suis votre amie.  »

Il hésita. Se défiait-il ?

« Pourquoi Honorine ne vous a-t-elle pas accompagnée ? »

Véronique ne s’attendait pas à cette question, mais elle comprit aussitôt que, si les suppositions involon-